dick annegarn aux nuits de fourviere
Dick Annegarn, qui s'est souvent inspiré du blues et des musiques instinctives, s'est produit au festival des Nuits de Fourvière, accompagné d'un orchestre symphonique.

Le chanteur Dick Annegarn a donné samedi 30 juin 2018, un très beau concert à l’esprit voyageur au festival des Nuits de Fourvière, entouré de 40 musiciens de l’Orchestre du Conservatoire à rayonnement régional de Lyon. Un spectacle baptisé «12 villes -12 chansons» inspiré de son nouvel album du même nom, dont la sortie est prévue fin août.

Dick Annegarn: « La musique, c’est mille fois, tu reprendras ton ouvrage »

Il s’appelle Benedictus Albertus Annegarn. Mais dans la vie comme sur scène, on dit Dick, comme un ami que l’on retrouve à chaque fois avec un vrai plaisir. Né à La Haye (Pays-Bas), il a grandi à Bruxelles, dont il a fait une sublime chanson contenue dans son premier album Sacré Géranium (1973), inscrite dans la mémoire collective. Amoureux de la France, il s’est installé à Paris et à vécu près des bords de Marne, sur une péniche où il passait son temps à composer des mélodies qui continuent de nous faire voyager : «La musique, c’est mille fois, tu reprendras ton ouvrage confie-t-il. On est dur avec soi-même. C’est une correction permanente de sa broderie ».

 

Dick Annegarn, « 12 villes – 12 chansons », un répertoire à l’esprit voyageur

dick annegarn en mode symphonique aux nuits de fourvière
Dick Annegarn a joué dans l’amphithéâtre romain l’Odeon au festival des Nuits de Fourvière

Dick Annegarn, 66 ans, adore la campagne. Il vit dans une ferme dans les petites Pyrénées près de Toulouse, où il compose  à la guitare et «gratte la terre». Besoin physique d’être en rapport avec la nature. Besoin de silence et de rusticité pour celui qui  aime aussi s’aventurer en territoire urbain, formant aujourd’hui le matériau de son nouvel album « 12 villes-12 chansons » à paraître fin août 2018, enregistré en décembre avec l’orchestre de la radiotélévision de Sofia (Bulgarie). Un répertoire poétique et voyageur qu’il a joué pour la première fois en public samedi 30 juin dans l’amphithéâtre romain l’Odéon (1000 places) aux Nuits de Fourvière à Lyon, festival à l’esprit libre qui aime convoquer les créations rares ou inédites.

 

Dick Annegarn, poète hobo qui va sans cesse vers l’inconnu pour nourrir son imaginaire

Avec Annegarn, on est dans la chanson aujourd’hui revisitée sur un mode symphonique par l’Orchestre du Conservatoire à rayonnement régional de Lyon, qui ce soir sert d’écrin idéal à l’univers poétique de ce «dilettante céleste ». Un hobo (vagabond), qui sans cesse va vers l’inconnu et nourrit son imaginaire. Les villes ? « elles ne sont pas simples, en soi » avoue-t-il. J’ai des scènes de ménage avec les villes avec lesquelles il m’arrive d’être fâché. Je trouve qu’elles puent et parfois, elles hument bon le matin où on ressent une fraîcheur guillerette ».

Dick annegarn s'est produit aux nuits de fourvière
Dick Annegarn porte un regard teinté d’un léger spleen sur les villes

Nous voici à Tchernobyl et son cauchemar, Coutances, Lille, Luxembourg, Londres, Karlsbad, Nogent-sur-marne et bien sûr Bruxelles, aux arrangements au piano dépouillés signés de son orchestrateur Christophe Cravero, frère de la chef Alexandra Cravero à la tête de l’orchestre composé d’une quarantaine d’instrumentistes. Une partition exigeante, ambitieuse, aux contours contemporains où le chanteur poète de « l’oraliture » laisse libre cours à ses rêveries urbaines. Il s’est souvent inspiré du blues et des musiques instinctives, ce qui lui a permis d’apprendre  à  « construire et à déconstruire la musique » pour explorer des formats novateurs  « Il y en a marre des esthétiques bougonne-t-il. Bob Dylan dit « j’écris des respirations ».

Dick Annegarn en mode symphonique accompagné par l’Orchestre à rayonnement régional de Lyon

Les chansons de Dick, qui souvent oscillent vers la mélancolie, n’essaient pas forcément de caresser l’oreille ou d’être dans le confort: « Je suis dans la bascule, dans des goûts amers. Le malaise, qui est plus proche de notre âme, fait partie de la partition ». Cela ne nous empêche pas de vibrer sur ce registre qui s’élabore en live par les musiciens présents sur scène, coiffés d’un casque de chantier. Clin d’œil au travail qu’ont nécessité les 900 partitions écrites pour l’occasion et la centaine d’heures de répétition : « Même l’écriture est un chantier s’amuse Annegarn. Il faut arrêter de croire que c’est la fête de la musique, que tout le monde est musicien un jour. On fume un pétard et on prend un instrument. Non, c’est du boulot pour les ouvriers intellectuels que nous sommes ».

Il ne souhaitait pas être devant l’orchestre, comme le veut la tradition. Il est là, costume gris et guitare en bandoulière, au milieu des musiciens à différents niveaux, se déplaçant sur le côté, debout parfois au-dessus des instrumentistes, comme pour désacraliser les choses : « C’est faussement modeste. Je profite de beaucoup de dimensions, bien plus que si j’avais été au centre. Je survole, j’ai le beau rôle ».

Un registre baigné d’un léger spleen que l’on ressent à travers l’écriture de l’artiste qui reconnait que les villes l’émeuvent plus souvent que «les hommes ou les femmes» : «Les villes pleurent. C’est un mélange de joie et de tristesse. A Paris, il y a quand même une personne sur deux qui est célibataire.  C’est des villes de solitude ».

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