Musique. Quatre ans après « Ce soir on sort » Patrick Bruel, 63 ans, revient avec « Encore une fois », son 10ème album: un opus sensible mêlant romances et chansons sociétales inspirées par l’actualité souvent sombre, dans des ambiances éclectiques, où se croisent électro-pop, univers musical urbain et sons plus classiques.
Patrick Bruel sort « Encore une fois », un album marqué par l’actualité
Patrick Bruel possède un don incroyable, celui de nous embarquer en un clin d’œil dans sa bulle où se croisent romances et morceaux inspirés par l’actualité souvent sombre. Quatre ans après «Ce soir on sort », il revient avec « Encore une fois », son 10ème album.
Entre chansons sentimentales et envie de témoigner parfois contre l’époque qui déraille, Bruel, prend par la main son public en grand frère protecteur. A 63 ans, il reste cet artiste émouvant toujours prêt à allumer une petite flamme et à donner de l’espoir à tous ceux qui ont le cœur blessé.
Apparu avec « Marre de cette nana-là », puis avec « Casser la voix », titre qui allait déclencher la « bruelmania » et lui a valu autant d’admiratrices que de railleries de ses détracteurs, «Patriiiiiick !» a beaucoup appris depuis, grâce à une approche plus profonde.
Difficile alors de ne pas rendre les armes quand l’auteur de « Place des grands hommes », « J’te l’dis quand même » ou « Qui a le droit », se fait l’interprète de sentiments universels. Avec « Pouce », il nous ramène à la vie, regrettant ce monde fou qui va trop vite, sur des mots de Romain Didier. Après «La chance de pas» évoquant l’enfer de la drogue qu’ont connu certains proches, il chante sans transition «Danse» sur un rythme latino qui ne va pas manquer d’embraser ses concerts.
Mais là où Patrick Bruel nous cueille c’est avec «Je l’ait fait cent fois », magnifique piano-voix sur un texte de Mark Weld, lequel signe également la poignante « Lettre à la con », dans laquelle il se glisse dans la peau d’un enfant qui s’adresse à son cancer.
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Un moment émouvant qui laisse place aux questionnements de «On en parle» sur la planète que l’on ne cesse d’abimer, le réchauffement climatique, l’inquiétude de l’avenir, la peur qui partout s’installe, le cynisme ambiant, les fake news, les guerres… « Et puis quand nos enfants nous poseront des questions / Qu’on pourra plus s’noyer dans des réponses à la con / Qu’on pourra plus parler de lueurs au bout du chemin / Qu’on savait pas qu’on savait mal qu’on savait rien / Qu’on sait surtout même plus ce que veut dire demain » lance-t-il. «J’ai été touché par la prise de conscience d’une certaine génération. Ce qui m’a le plus marqué pendant ces quatre années écoulées, c’est l’instinct et l’urgence de la jeunesse à aller à l’essentiel » confie Bruel.
Réalisé par Benjamin Constant, marqué par une collaboration inédite avec Hoshi sur deux morceaux ( « J’avance » et « Dernier verre, premier café »), « Encore une fois » alterne entre ombre et lumière et ambiances éclectiques, mêlant chansons façon grande variété, électro-pop, refrains valsés et sons urbains.
16 titres où l’émotion est souvent présente, à l’image de « L’Instit », hommage à sa mère institutrice qui «avait le rêve un peu fou qu’un livre peut changer une vie». Dans « Aux souvenirs que nous sommes », il offre une lecture à capella d’un extrait de la lettre d’adieu du poète et résistant Missak Manouchian, écrite à la prison de Fresnes, à sa femme Mélinée le 21 février 1944 quelques heures avant d’être fusillé.
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On retrouve aussi son goût pour la nostalgie qui imprègne « Je reviens », sur l’Algérie pleine d’insouciance de son enfance et le souvenir de Tlemcen, où il est né. Un opus où il continue vaille que vaille de sourire à l’existence, comme dans «A la santé des gens que j’aime» : «À la santé des gens que j’aime/C’est grâce à eux que moi je tiens/Ils sont mon eau, mon oxygène/Toute la lumière sur mon chemin » chante-il, très solaire. Et c’est comme ça qu’«Encore une fois», Patrick Bruel, artiste populaire s’il en est, n’est pas prêt d’être détrôné.
Victor Hache
- A écouter : « Encore une fois » de Patrick Bruel. Columbia/Sony