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Yara Lapidus revient avec "Back to Colors", son nouvel album. (c) Alfredo Piola

Interview. Quatre ans à peine après le mélancolique « Indéfiniment », L’artiste franco-libanaise Yara Lapidus revient (le 18 février) avec le bien-nommé « Back To Colors », enregistré sous la direction et la réalisation de Jean-Louis Piérot (Bashung, Birkin, Daho…). Une lumineuse palette de sons et de couleurs pop-world à découvrir sur scène, le 2 mars prochain, aux Trois Baudets à Paris.


Yara Lapidus sort « Back To Colors », un album pop-world très coloré


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Yara Lapidus : « J’aime aller dans des zones de non confort » (c) Alfredo Piola

Après « Indéfiniment » réalisé par Gabriel Yared, qui contenait notamment un duo avec Iggy Pop (dans la version deluxe), Yara Lapidus sort le 18 février prochain le bien-nommé « Back To Colors« . Cette fois, l’ex-égérie d’Olivier Lapidus et créatrice de mode, venue tardivement (et avec bonheur !) à la chanson, a enregistré sous la houlette de Jean-Louis Piérot (Alain Bashung, Jane Birkin, Etienne Daho..), avec la complicité de compositeurs tels que son compatriote Bachar Mal-Khalifé, Craig Walker (ancien chanteur du groupe Archive), Fyfe Dangerfield (membre fondateur du groupe de rock indépendant Guillemots) ou encore Jim Bauer (remarqué dans la dernière édition de The Voice).

Une foisonnante palette de sons et de couleurs, dans laquelle l’artiste franco-libanaise donne la réplique à Chico César dans « L’amor c’est la vie«  », fustige avec humour les usages intempestifs du fameux « RIP » sur les réseaux sociaux, évoque la puissance des liens du sang avec « Brotherhood« , nous entraîne au gré des balancements de « Rocking Chair« , tout en rendant un vibrant hommage à sa ville de naissance dans l’émouvant « Oumi Ya Beyrouth ».  Entretien avant son concert le 2 mars prochain, aux Trois Baudets.

 Ce disque est moins mélancolique que le précédent ?

Yara Lapidus : « Back To Colors » est un album qui me ressemble. Il y a à la fois le côté parisien, le côté world puisque je chante en libanais, en portugais, en anglais et en français. Et j’avais envie de quelque chose qui sonne pop-rock.

– Il y a aussi un côté vintage, notamment dans le clip qui accompagne le titre « Oumi Ya Beyrouth »…

Oui, il y a dans l’album de vieux claviers. Quant au clip, j’ai voulu montrer le Liban que je n’ai pas connu. J’ai contacté le centre des archives là-bas et ils ont bien voulu me prêter des documents. Ils ont compris ma démarche et l’importance de véhiculer les images d’un pays en paix et de gens heureux. C’était un échange compliqué sur fond de coupures de réseau internet et d’électricité.

– Il paraît que votre premier rendez-vous avec Jean-Louis Piérot s’est déroulé à une date que vous ne pourrez pas oublier ? 

Lorsque nous nous sommes rencontrés, j’avais mis mon portable sur silencieux. J’ai remarqué qu’il n’arrêtait pas de vibrer mais je l’ai ignoré, par courtoisie. A la fin de notre échange, j’ai lu tous les messages qui m’informaient des deux explosions successives dans le port de Beyrouth. Nous étions effectivement le 4 août 2020. Lorsque je suis rentrée chez moi, j’ai écrit le texte de « Oumi Ya Beyrouth » tout naturellement dans ma langue natale.



– Le thème de la chanson « RIP » est assez inattendu…

Je tournais autour depuis 2 ou 3 ans ! Au moment du décès d’Azzedine Alaïa, une personne de mon entourage avait écrit: « que ferais-je sans toi, mon ami, mon maître… ». On voyait presque les larmes sortir de son post. Le lendemain, elle s’affichait avec une grande tablée, en train de rire. Je me suis dit, c’est donc ça ! J’avais enfin trouvé le bon angle et le bon refrain.

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Yara Lapidus : visuel de l’album « Back to Colors »

– Chico César n’est pas un inconnu pour vous ?

Nous avions déjà collaboré dans l’album précédent. C’est un être exquis, un poète qui a conservé son âme d’enfant. Là, j’ai eu envie de partir d’une page blanche avec lui. Il a lancé quelques notes de musique et j’ai mis un texte dessus. Lorsqu’il est venu à Paris, nous avons dîné ensemble et il m’a dit: « Et si on faisait un clip ensemble ? et il a ajouté: « je pars dans 4 jours« . Nous nous sommes retrouvés sur un toit de Paris pour tourner ce clip qui sortira prochainement.

– Pouvez-vous nous parler de « Just A Dream Away », un disque réservé au marché américain dans lequel vous avez adapté un titre de John Lennon en libanais ?

C’était juste avant la crise sanitaire. Les titres ont reçu un bon accueil et une tournée était même prévue là-bas. Quant à la chanson de Lennon, j’avais choisi « How » qui n’était pas la plus populaire de l’album « Imagine« . Tout monde m’avait découragée. J’avais notamment vu le nom d’une star qui n’a jamais pu obtenir d’autorisation. En plus, chanter Lennon en libanais, c’était vraiment audacieux. Mais il suffit qu’on me dise que quelque chose est impossible pour que je me lance. C’est trop ennuyeux de rester dans les clous. J’aime aller dans des zones de non confort. J’ai donc préparé une maquette, je l’ai envoyée et ça a marché. J’ai eu raison de faire confiance à ma bonne étoile !



– Vous avez réalisé vos deux rêves: la mode et la musique ?

Le premier était avoué, l’autre non. Pour mon père, être styliste passait beaucoup mieux. Cela ne m’a pas empêchée de faire de la guitare, du piano et d’écumer tous les cours de théâtre. J’ai aussi appris à poser ma voix. Je me voyais sur scène mais je ne savais pas vraiment ce que je voulais y faire. Il a fallu un accident pour que je renonce à la mode et à la guitare. C’est Olivier (Lapidus) qui m’a encouragée. J’ai commencé ce métier à 37 ans, c’est de la folie !

Entretien réalisé par Annie Grandjanin


  • Album « Back To Colors » (label Yara Music, distribution Kuroneko/Believe), disponible le 18 février 2022.
  • En concert, le 2 mars 2022, à 20h30, aux Trois Baudets, 64, Boulevard d de Clichy, 75018 Paris. Tél.: 01.42.62.33.33.

Retrouvez l’ensemble des chroniques culturelles d’Annie Grandjanin sur : annieallmusic.blogspot.com


 

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