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"Livres de la semaine": "La Fille de Deauville" de Vanessa Schneider

Livres We Culte. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions : on commence avec la (re)découverte de Gordana Kuić, une des plus grands écrivains de l’ex-Yougoslavie, avec une vertigineuse plongée dans une famille juive sépharade ; ensuite, on se glisse dans les poésies complètes de la Suissesse Grisélidis Real, «Ecrivain. Peintre. Prostituée » comme indiqué sur sa tombe à Genève, et enfin, on savoure le nouveau roman de la toujours impeccable Vanessa Schneider. A toutes et tous, bonne lecture !


Livres de la semaine : Gordana Kuić, Grisélidis Real et Vanessa Schneider


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« Livres de la semaine » : « Parfums de pluie sur les balkans » de Gordana KUIĆ

GORDANA KUIĆ : « Parfum de pluie sur les Balkans »

Pour décor, l’entre-deux-guerres en Bosnie et plus précisément à Sarajevo. Pour théâtre, une famille juive sépharade. Voilà le point de départ de « Parfum de pluie sur les Balkans », un roman originellement publiée par la communauté juive de Belgrade en 1986, réédité en 2000 et qui revient en librairies en ce début 2022. Son auteure ? Gordana Kuić, connue également sous le nom d’Ana Gord, 79 ans, multi-récompensée par le monde des livres au temps de la Yougoslavie et qui assure avoir été inspirée par sa mère Blanka Levi et ses deux tantes- dont Laura Papo Bohoreta à qui elle a dédié le roman.

« Parfum de pluie sur les Balkans », c’est l’histoire d’une famille de cinq filles qui, dans les années 1920- 1930, grandissent dans un environnement aussi tutélaire qu’étouffant. Entre elles, elles parlent le ladino, cette langue parlée dans les Balkans par les descendants des Juifs expulsés d’Espagne en 1492. Le quotidien est fait de joies et de peines familiales, les filles y apprennent les règles de la vie tout en bousculant les lois de la société patriarcale. Dans la tradition romanesque féminine, un livre-fresque pour une chronique sur des gens simples, avec des airs de famille avec George Sand, Jane Austen ou Margaret Mitchell…

« Parfum de pluie sur les Balkans » de Gordana Kuić. Editions Noir sur Blanc, 562 pages, 25 €.



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« Livres de la semaine » : « Chair Vive » de Grisélidis Réal

GRISELIDIS REAL : « Chair vive. Poésies complètes »

A Genève, au cimetière des Rois près des sépultures de Jose Luis Borges et Jean Calvin, sur une pierre tombale on lit : « Ecrivain. Peintre. Prostituée ». Là repose Grisélidis Real, partie à jamais en 2005 à 75 ans après avoir bagarré un moment avec la « longue maladie ». Grisélidis Real, on la retrouve en cette fin d’hiver 2022 avec « Chair vive »– sous-titre : « Poésies complètes ». Femme issue de la bourgeoisie suisse, elle a très tôt laissé vivre son tempérament. Sa vie ne fut pas linéaire- c’est bien le moins qu’on puisse écrire : sanatorium, amours autant passionnelles que destructrices, exil, prison, prostitution… Toujours approcher au plus près l’extrême- pour nourrir sa création poétique.

Dans « Chair vive », pas moins de quatre-vingt-dix poèmes écrits entre 1942 et 2005- cadeau sublime avec des textes flottant entre l’intime et le militantisme, en passant par l’imaginaire et la classicisme. Dans toutes ces pages, une femme connue surtout pour son activité de « courtisane » (comme le code du travail suisse définit, avec élégance, les prostituées) joue avec les mots pour nous rappeler ce qu’elle fut : une femme transgressive habitée par la colère face à la violence du monde. A noter la belle préface de Nancy Huston.

« Chair vive. Poésies complètes » de Grisélidis Real. Editions Seghers, 242 pages, 17 €.


 


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« Livres de la semaine » : « La Fille de Deauville » de Vanessa Schneider

VANESSA SCHNEIDER : « La fille de Deauville »

Pour la sixième fois depuis 2008, elle se glisse jusqu’à nous avec un roman impeccable, « La fille de Deauville ». Une des plus brillantes « plumes » du quotidien parisien « Le Monde », Vanessa Schneider est tout étincelante quand elle se glisse dans les habits de romancière. Après avoir évoqué, entre autres, sa grand-mère maternelle, le pacte des vierges (17 jeunes filles de 15 ans enceintes en même temps, outre-Atlantique) ou encore la chute en enfer de sa cousine, la comédienne Maria Schneider, elle fait un gros plan cette fois sur une « fille de Deauville » qui, avec quelques hommes et femmes dans les années 1980, ont décidé de faire tomber la France.

Tout est bon : braquages, attentats à la bombe, assassinats… Là où certains, par facilité ou par mode, se seraient contentés d’une biographie romancée, Vanessa Schneider a construit un vrai roman autour de son « héroïne », Joëlle Aubron. Tout y est vrai, tout y est inventé comme Luigi Pareno, le flic solitaire et douloureux qui traque les membres d’Action directe, ce groupe d’extrême gauche sans foi ni loi, et qui est obsédé par leur capture. Avec « La fille de Deauville », Vanessa Schneider signe un grand roman bercé par l’impossible révolution et empli de violence, d’espoirs, de cris…

« La fille de Deauville » de Vanessa Schneider. Grasset, 274 pages, 20 €.

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