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"Tout nous réussit" : Audrey (Elsa Zylberstein), Jérôme (Stéphane De Groodt) et deux de leurs trois enfants (©D. Koskas/UGC Distribution)

Sortie cinéma. Amour, mensonges, couple, famille, quiproquos comiques et temps qui passe: tous ces ingrédients sont réunis dans le film « Tout Nous Sourit », comédie très réussie qui mélange avec brio et légèreté le rire et l’émotion.


Cinéma. « Tout Nous Sourit » : un vaudeville très réussi


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« Tout nous sourit » : avec Anne Benoît, Guy Marchand, Elsa Zylberstein et Stéphane de Groodt. (Photo) David Koskas

En janvier 2020, les jurés du Festival du film de comédie de L’Alpe d’Huez y avaient été sensibles puisqu’ils avaient décerné au film trois récompenses: le prix du Jury et les deux prix d’interprétation pour Elsa Zylberstein et Stéphane De Groodt. Le film devait sortir quelques semaines plus tard mais la pandémie de Covid en a décidé autrement, et le voici donc enfin sur les écrans ce mercredi 20 octobre.

Tout sourit à Audrey (Elsa Zylberstein) et Jérôme (Stéphane De Froodt). Ils forment un couple apparemment uni et solide, ont trois merveilleux enfants et leurs métiers les passionnent. Ils sont journalistes tous les deux: elle est une vedette de la télé où elle présente une émission sur la santé, lui travaille dans un magazine.

Mauvaise idée

Mais le couple n’est pas si parfait: elle a un amant (un beau restaurateur italien marié), lui une maîtresse (une jeune et brillante stagiaire de son journal). Le temps d’un week-end, ils partent chacun de leur côté, avec leurs amants respectifs.

Sauf qu’ils ont la même (mauvaise) idée: aller dans leur maison de campagne. Quand ils se retrouvent nez à nez, c’est l’explosion. Mais quand débarquent à leur tour les parents d’Audrey, le quatuor n’a pas d’autre choix que jouer la comédie pour sauver les apparences. Sans savoir que d’autres rebondissements vont compliquer ce bal des mensonges…



Vaudeville

Dès le début le film vire au vaudeville, une forme assumée par la jeune réalisatrice, Melissa Drigeard, 39 ans, dont c’est le deuxième film après « Jamais Le Premier Soir » en 2014: « il y a dans la trame du vaudeville quelque chose d’authentiquement tragique et humain, de drôle et pathétique, qui me touche et me parle énormément ».

Mais il y a des vaudevilles plus ou moins réussis. Ici le comique des quiproquos (le dernier rebondissement d’importance survient au bout de trois quarts d’heure), l’humour des dialogues, le huis clos de l’histoire et le jeu enlevé des acteurs font du film une comédie fort agréable et bien menée.

Et surtout on ne se contente pas de rire de bon cœur. À l’humour se mêlent aussi des moments plus émouvants, notamment grâce à deux seconds rôles remarquables: la sœur d’Audrey, Valérie (Emilie Caen), qui fait semblant de vanter les vertus du célibat après son divorce mais que la solitude déprime profondément (voir ici son formidable monologue); et leur père (Guy Marchand, qu’on retrouve avec plaisir à 84 ans), atteint d’un cancer et qui a décidé d’arrêter son traitement.

Seconde partie douce-amère

La seconde partie du film est douce-amère, parfois plus amère que douce (voire un peu larmoyante, avec violons), avec des réflexions sur le temps qui passe, l’usure des couples, la difficulté de cultiver l’amour au fil des années et l’importance des liens familiaux.

« Tout Nous Sourit, c’est tout ce qu’on oublie », dit la réalisatrice. « Un peu comme la santé quand on est bien portant. On oublie de voir à quel point c’est extraordinaire de mener de front une vie de couple, une vie de famille, une vie de parents, une vie professionnelle… Même si le résultat est bancal, même si ce n’est pas simple tous les jours, c’est une réussite. Et comme on oublie de le voir, on oublie de le chérir, de le protéger, de l’apprécier. C’est ce qui arrive à Jérôme et Audrey: ils ont oublié leur chance et, par un coup du sort, elle se venge ».

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« Tout nous sourit » de Melissa Drigeard : Dès le début le film vire au vaudeville

Film choral

Le film est choral, avec des personnages bien typés. Les seconds rôles sont soignés mais bien sûr le duo vedette ressort du lot. Audrey « veut être la femme parfaite, la mère parfaite, la professionnelle parfaite, mais se ment à elle-même et finit par faire exploser son modèle de perfection », explique son interprète Elsa Zylberstein (vue récemment dans « Je Ne Rêve Que De Vous » et dans « Selfie »), qui exprime ici un talent pour la comédie trop rarement utilisé dans sa carrière.

Quant à Stéphane De Groodt, il est tout aussi à l’aise mais bien plus crédible que dans son dernier rôle dans « Chacun Chez Soi ». Ici son ressort comique fait à nouveau merveille dans ce personnage de mari trompé et trompeur, et dans ce film dont il dit avoir été « immédiatement conquis par l’histoire, qui navigue entre drame et comédie et où on ne sait pas très bien s’il faut rire ou pleurer ». Les deux, mon général.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE

« Je vendrais un rein pour avoir votre vie » (Valérie, la sœur d’Audrey, qui souffre de la solitude).


cinégong logoA voir : « Tout Nous Sourit » (France, 1h41). Réalisation: Melissa Drigeard. Avec Elsa Zylberstein, Stéphane De Groodt, Emilie Caen. (Sortie le 20 octobre 2021)

  • Retrouvez cette chronique ainsi que l’ensemble des sorties cinéma de Jean-Michel Comte sur le site Cinégong

 

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