Interview. Avec son troisième album «Un cri » Luciole, ancienne championne de Slam, renoue de manière éclatante avec les textes parlés et chantés. Actuellement en tournée, elle se produira pour la première fois sur la scène du Café de la Danse, le 31 mars prochain.
Luciole: «Je n’écris pas des chansons pour faire des likes »
Après « Ombres » (en 2009), un premier album prometteur, coup de cœur de l’Académie Charles Cros, réalisé par Dominique Dalcan, puis le très réussi « Une« , Luciole confirme ses talents d’écriture, à la fois sensible et incisive, avec « Un cri« . Un troisième opus, concocté cette fois avec la complicité d’Antoine Kerminon et Clément Simounet, deux musiciens qui l’accompagnent sur scène.
Un éclatant retour aux textes parlés et chantés, imaginés durant des séminaires et ateliers d’écriture, portés par son timbre mélodieux. Entre les belles et poétiques déclarations d’amour de « L’effet et la cause » ou de « Deux cœurs« , elle parle de conquête, de tempêtes, de rencontres furtives, d’insomnies…
Actuellement en tournée, Luciole a pris le temps de répondre à quelques questions, avant son premier concert au Café de la Danse, à Paris, le 31 mars prochain.
– Dans ce nouvel album, vous revenez aux textes parlés et chantés. Entre slam et chanson, votre cœur balance toujours ?
Luciole: J’ai l’impression qu’il n’y a pas de choix à faire. Pour l’album précédent, j’avais assumé le côté chansons sur scène. J’ai toujours le désir d’alterner. Je ne suis pas instrumentiste, j’écris à voix haute.
– C’est vrai que vous avez été championne de France de slam ?
Oui. En 2005 et 2006. Un peu avant de prendre la décision de sauter le pas et de faire de la scène mon métier.
– C’est à cette période que vous avez adopté le nom de Luciole ?
Dans le slam, tout le monde a un pseudo. Je me souviens que quelqu’un avait suggéré d’ajouter un o à mon prénom Lucile en disant que cela faisait plus poétique. Je ne suis pas certaine que je m’appellerai Luciole toute ma vie mais, pour l’instant, je ne suis pas prête à la laisser derrière moi.
– Dans l’album « Une », vous chantiez « je ne suis pas plusieurs, je suis une qui ne ressemble à aucune autre » mais aujourd’hui, vous écrivez: « J’ai deux cœurs, je suis plusieurs » ?
C’est comme ça que j’ai annoncé ma grossesse sur les réseaux sociaux. Je suis toujours une, mais je me suis décuplée !
– Dans « Il est temps », vous parlez d’écrire des chansons pour se relever ?
J’ai toujours eu une écriture très exutoire, cathartique. J’écris beaucoup à la première personne mais jamais lorsque je suis au creux de la vague. J’attends de sortir la tête de l’eau. C’est un métier que je trouve fascinant mais qui est aussi très dur. Il m’a causé parfois de grandes crises de doutes, de tempêtes. J’ai eu envie et besoin de les assumer en chansons.
– Dans la bio qui accompagne l’album, vous citez Patti Smith parmi vos sources d’inspiration ?
Je la connaissais mais je me suis vraiment intéressée à elle lorsque j’ai enregistré l’album. C’est une artiste qui ne vit et respire que pour créer. Cela force mon admiration. On est tellement dans une époque d’images, de codes, d’algorithmes… Moi, je n’écris pas des chansons pour faire des likes mais parce que j’en ai besoin. Je me sers des réseaux sociaux pour communiquer sur mon projet artistique.
– En parlant de communiquer, vous animez toujours des ateliers d’écriture ?
Je participe à des ateliers, des actions culturelles. Depuis 2 ou 3 ans, je suis artiste associée avec les Francofolies. Nous rencontrons des élèves de collèges, de lycées et nous allons aussi dans les prisons. Ce sont des actions que je ne dissocie pas de mon métier.
– Vous avez fait appel aux participations pour enregistrer « Un cri » ?
C’est un album auto-produit. Je n’avais pas songé à cette démarche au début. Au bout du compte, je n’ai pas trouvé illogique de dire aux gens « si vous souhaitez acheter l’album, achetez-le maintenant ».
– Sur scène, vous avez toujours votre grelot baptisé Michel ?
Ce n’est plus moi qui en joue mais il est encore là et il s’appelle toujours Michel.
– Sur l’album précédent, vous terminiez vos concerts en sortant d’un chapeau des petits bateaux en papier. Qu’allez-vous sortir de votre chapeau au Café de la Danse ?
J’ai un peu laissé tomber les origamis. Mais je les conserve précieusement. Il y en avait un nouveau à chaque date. J’ai pas mal tourné et la flotte s’est bien agrandie ! Sur ce spectacle, j’avais envie qu’il y ait un fil conducteur. Cela reste un concert, mais il y a aussi l’idée d’un spectacle-conférence autour du cri.
– Un cri qui ne doit pas seulement être un écho ?
Je crois que c’est Einstein qui a dit: « sois une voix, pas un écho » ! Dans la chanson « Avec mes crocs« », la phrase « Car aujourd’hui je veux être une voix, pas un écho » est sortie toute seule…
Entretien réalisé par Annie Grandjanin
- Album « Un cri » (Label Attends-moi/Inouïe Distribution), disponible depuis le 28 janvier 2022
- Concert à Paris, le 31 mars, à 20 heures, au Café de la Danse, 5, Passage Louis-Philippe, 75011 Paris. Loc. points de vente habituels et sur le site www.cafedeladanse.com.
- En tournée: le 10 mars 2022 à Nantes (44), le 11 mars à Pornichet (44), le 12 mars à Chaponnes-sur-Loire (49), le 13 mars à Challans (85), le 15 mars à Sotteville-lès-Rouen (76), le 16 mars à Passais-la-Conception (61), le 17 mars au Havre (76), les 24 et 25 mars à La Souterraine (23), le 31 mars au Café de la Danse à Paris, le 10 juillet à Albi (81), le 2 août à Barjac (Festival Barjac m’en chante)…
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