sarah chiche
Sarah Chiche. Photo : Hermance Triay / Editions du Seuil

Livre. Pas moins de 511 romans (français et étrangers) à paraître d’ici fin octobre et déjà un coup de cœur : c’est « Saturne », le quatrième et nouveau roman de Sarah Chiche. Un texte éblouissant, aussi implacable que bouleversant…

Avec « Saturne », Sarah Chiche déroule l’histoire d’un père et de sa fille, aussi la découverte de l’écriture, la promesse de l’écriture faite au père par la fille

sarturne roman de sarah chicheUn père, sa fille. Il meurt en 1977, il a 34 ans. En 2019, elle rencontre une femme qui a connu, pendant son enfance, ce père disparu trop tôt. C’est « Saturne », le quatrième et nouveau roman de Sarah Chiche, 44 ans, psychologue clinicienne et psychanalyste qui, en janvier 2019, nous avait éblouis avec « Les Enténébrés » (prix de La Closerie des Lilas). Auteure de la mélancolie (c’est, assure-t-elle « le cœur littéraire de mon écriture »), avec  » Saturne », elle déroule l’histoire d’un père et de sa fille, aussi la découverte de l’écriture, la promesse de l’écriture faite au père par la fille.

« Saturne », c’est aussi le roman du crépuscule d’un monde, le roman qui ouvre avec un prologue aussi insupportable que bouleversant, contant le passage en réanimation du père et son départ à jamais. Puis, c’est un flash back pour première partie- l’histoire de Harry, le père né en Algérie dans une famille, un frère brillant (Armand). Lui, Harry, il rate ses études de médecine et tombe éperdument amoureux d’une éblouissante jeune femme prénommée Eve (il y avait déjà une Eve dans « Les Enténébrés ») avec sa part de noirceur… L’emmènera-t-elle vers les sommets ? Provoquera-t-elle sa chute ?

   En deuxième partie, l’auteure propose un saut dans le temps : printemps 2019, la narratrice est à Genève, croise une femme qui a connu son père. Extrait : « Tout somnole. La lampe, le lit, la chambre et les rues sont encore noirs de la joie de me retrouver ici, seule, dans cette ville sévère, où j’ai vécu jadis l’année la plus opaque de mon enfance. A l’approche du jour, le vent tourne. Le lac frémit. Bientôt, il se couvrira de voiles, de barques à moteur et de canots de pêcheurs. Nous sommes le 4 mai 2019. Quelques heures plus tard, je suis assise devant une pile de livres, sous l’énorme soleil de carton-pâte suspendu au plafond du Palais des expositions de Genève, quand une femme, longue et élégante, cheveux blancs, yeux bleu roi, fend la foule… »

La fille alors va raconter son enfance toute entière habitée par la maladie en forme de damnation, la mort et le deuil du père, et aussi les ravages d’une éducation impitoyable qui détruit inexorablement les vulnérables. Et puis, le bonheur de l’écriture pour une jeune fille qui a promis au fantôme du père de devenir écrivaine… On lit : « Jusqu’à cette rencontre incompréhensible, sidérante, avec cette femme, j’ai préféré faire mine d’oublier que j’avais un jour, devant une tombe, fait la promesse d’écrire cette histoire de crépuscule d’un monde, de la fosse incurable de nos regrets, et d’une maladie mentale, la mienne, qui fut une damnation avant d’être une chance ». « Saturne », le coup de cœur de la rentrée littéraire !

Serge Bressan

sarah chiche saturneL’auteure Sarah Chiche                                         

Née le 21 mai 1976 à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), diplômée de l’Université Paris-Diderot, Sarah Chiche exerce comme psychologue clinicienne et psychanalyste à Paris. Écrivaine, elle a publié trois essais : « Personne(s) » (Editions Cécile Defaut, 2013),  » Éthique du Mikado » (essai sur le cinéma de Michael Haneke. PUF, 2015) et « Une histoire érotique de la psychanalyse. De la nourrice de Freud aux amants d’aujourd’hui » (Payot, 2018), et quatre romans : « L’Inachevée » (Grasset, 2008), « L’Emprise » (Grasset, 2010),  » Les enténébrés » (Seuil, 2019) et « Saturne » (Seuil, 2020). Elle a également fait une apparition dans « Happy End » (2017), un film de Michael Haneke.

1 COMMENTAIRE

  1. Madame ,
    Fidèle auditeur de France Inter, j’ai écouté votre intervention de ce jour avec énormément d’intérêt..sans nul doute je lirai votre livre « Saturne « .
    Je suis actuellement soigné pour dépression,
    vous parliez de dépression
    «  mélancolique «  comme étant une dépression « tes grave ».. mon père en a été victime et je pense que c’est de celle ci dont je souffre … vous avez évoqué un syndrome dont je ne me souviens plus du nom..
    vous définissiez “!je ne peux pas me suicider, car je suis déjà mort”.. c’est exactement ce que je ressens, dis et écrits ..
    Alors j’écris , mon entourage ne le perçois pas , n’y crois pas …
    Je regarde la vie , mais ne vus pas .., je suis parti .. déjà ..
    Je vous serais extrêmement reconnaissant de bien vouloir me répondre,
    Veuille croire, Madame en l’expression de mes sentiments les meilleurs,
    Eric

LAISSER UN COMMENTAIRE

Laissez un commentaires
Merci d'entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.