Après le succès de Bretonne, la chanteuse a récemment sorti Ô filles de l’eau. Un album aux influences pop-rock dédié au thème de la mer. Rencontre.

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Dans la vie, 
êtes-vous 
une «fille de l’eau» ?

Nolwenn Leroy. Totalement ! Tout comme cette sirène sur la pochette qui est le fil conducteur de l’album. On la retrouve parfois au long des chansons sur des thématiques différentes. C’est un hommage à l’océan, à travers ce mythe de l’éternel féminin qu’est la sirène. C’est une source d’inspiration inépuisable depuis des millénaires pour tous les artistes. J’avais envie de travailler sur un album qui soit à la conjonction d’éléments qui me fascinent depuis toujours : l’océan, les contes et légendes, la mythologie à travers l’imagerie de la mer. C’est un album où on retrouve toutes les références qui sont les miennes depuis dix ans, aussi bien en matière de musique que d’imagerie. Un opus qui coule de source par rapport aux précédents, puisqu’on y retrouve des sonorités qu’on aura pu aimer sur Bretonne avec ces chansons pop et toujours cette influence dans le choix des instruments et des sonorités celtes. Pour moi, il était important de garder cette ouverture, car je considère que la musique celtique est la base de la chanson anglo-saxonne. On la retrouve chez plein de groupes de rock, de pop. J’avais vraiment envie de donner cette couleur. Ô filles de l’eau, ne sont pas des chansons traditionnelles, alors forcément la proposition est nouvelle, même si on reste dans une forme de continuité.

La pochette, diversement appréciée, où l’on vous voit en sirène, fait beaucoup parler. Comment vivez-vous cela ?

Nolwenn Leroy. Toutes mes pochettes font toujours parler. Que ce soit celle d’Histoires naturelles où j’étais entourée de paons dans un bric-à-brac fantastique, de cabinet de curiosités, la photo jaunie de la pochette de Bretonne où tout le monde se disait : c’est quoi ce truc pour les vieux (rires), Et là, je me retrouve en sirène. Forcément, ça fait parler et c’est une bonne chose. C’est ce que l’on souhaite lorsqu’on est artiste, quand on est dans la création, susciter une émotion quelle qu’elle soit, positive ou négative. Les pochettes me fascinent. Aussi bien celles de Kate Bush, des groupes de rock, de David Bowie. J’aime l’idée de raconter une histoire par la pochette. Pour la photo faite par l’artiste australienne Wee Speers, c’était vraiment un choix de ma part de travailler avec elle. C’est entre la photo et la peinture, avec ce côté préraphaélite qui me passionne. Tous les grands peintres, tous les photographes qui ont tout à coup apporté quelque chose de nouveau ont été ou adorés ou détestés. C’est normal, dès que l’on propose quelque chose d’inattendu, de surprenant, que ça fasse parler. Cette émotion-là est essentielle. Le pire de tout lorsque l’on est artiste, c’est que l’on dise : « C’est sympa, mais ça ne sert à rien. » Je n’aime pas être dans le tiède. L’important, c’est qu’il y ait une vraie démarche créative.

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Parlez-nous des chansons Davy Jones et Ophélia…

Nolwenn Leroy. Davy Jones, c’est un hommage à ce personnage maléfique qui recueille dans son coffre l’âme de ceux qui ont péri en mer. C’est l’ankou, qui signifie la mort en Bretagne, de la mer. J’ai aimé avec Christophe Miossec, coécrire cette chanson. Et le faire exister dans la réalité, construire une histoire autour de lui, d’une fille qui finit très mal. À la suite d’une rencontre avec ce Davy Jones, elle se réincarne en sirène, se venge et, finalement, c’est lui qui finit au fond de la mer. Ophélia rejoint ma passion pour les préraphaélites. J’ai toujours aimé le tableau de Millais de cette Ophélie allongée dans l’eau stagnante, le regard vers le ciel. On ne sait plus si elle est ou si elle n’est plus. J’ai longtemps eu une reproduction du tableau dans ma chambre. Et puis il y a l’Ophélie d’Hamlet et tout ce que ça symbolise, qui m’a énormément inspirée.

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Votre tournée «Bretonne» a connu un très grand succès. Que gardez-vous de tous ces moments qui ont rassemblé des milliers de personnes, comme lors de votre venue à la Fête de l’Humanité en septembre 2011 ?

Nolwenn Leroy. La Fête de l’Huma, c’est un moment inoubliable. Dans une carrière d’artiste, quand on a la chance de participer à certains gros festivals, ça fait partie de ces rendez-vous comme ça qui sont emblématiques, complètement incroyables. Je me suis vraiment révélée sur scène par cet album. Ça m’a permis d’aller chercher des choses en moi dont je ne me sentais pas capable, au niveau de l’énergie, du partage. Et puis, ça a créé ce lien très rare avec les gens, qui se ressent sur scène. Cette espèce de communion, ce projet de cœur avec un vrai public populaire, dans ce que cela a de grand et de beau. Ce côté rassemblement, c’est incroyable de vivre ça.

La mer pour horizon

Si Nolwenn Leroy s’inspire de la musique celtique, son univers est largement ouvert aux influences pop-rock. Dans Bretonne, précédent opus écoulé à un million d’exemplaires, elle reprenait des chansons traditionnelles celtes passées au filtre de sa sensibilité pop. Telle une sirène insaisissable, elle multiplie les expériences. Elle revient avec Ô filles de l’eau et des compositions originales où se mêlent pop, chansons et ballades. Un album au climat marin, dont elle signe la plupart des textes, auxquels ont aussi participé des auteurs tels Christophe Miossec, Hubert Mounier, ancien leader de l’Affaire Louis Trio, ou Jean-Louis Murat. Un registre qui rend hommage à l’océan et à la mythologie de la mer. Une belle invitation au voyage.

Album Ô filles de l’eau, 
chez Mercury. Tournée à partir du 5 mars. Concerts les 27 et 28 novembre Olympia, Paris 9e.

Entretien réalisé par Victor Hache

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