Envoyé spécial à Bourges. Le chanteur, qui sera ce soir à l’Auditorium, revient avec Drones personnels. Un album très inventif qui résonne comme un dialogue entre l’homme et la machine.
Quelle lecture faites-vous du titre de votre album Drones personnels ?
Babx. Je voulais prendre le contre-pied de mon précédent disque Cristal Ball-room qui était très acoustique, dans une imaginaire fin d’empire, XIXe siècle. Là, je souhaitais un album qui soit vraiment ancré dans notre époque avec toutes ces machines, ces circuits, ces guerres et ces ruminements de partout. Un univers qui soit comme un dialogue, entre l’homme et la machine, un peu comme une dualité. Ça m’est venu en réécoutant Laurie Anderson et son album O Superman que j’écoutais beaucoup, enfant. C’est comme une fiction rêvée, inspirée de ces pionniers du XXe siècle, de gens comme Jules Verne qui prévoyaient ce que ce serait le XXIe siècle, avec toutes ces machines volantes. Drones personnels, c’est un peu nos émotions, nos peurs, devant ces machines, ces avions sans pilote d’aujourd’hui qui nous tournent autour, nous bombardent, nous espionnent, nous traquent. J’avais cette volonté que si, dans quarante ans, on débusquait par hasard cet album, les gens puissent avoir une petite idée de comment je voyais cette époque. Ce qu’on entendait, quels étaient les sons, les sentiments ressentis.
Diriez-vous qu’il s’agit d’une sorte d’odyssée musicale et spatiale ?
Babx. Oui, dans le sens où, durant l’écriture de l’album, je me suis plongé de manière obsessionnelle dans les imageries de la Nasa, des téle scopes. J’ai été marqué par un documentaire Nostalgie de la lumière, qui se passait dans le désert d’Atacama où il y a le plus grand observatoire spatial du monde. Pour mon album, je voulais quelque chose de rugueux, terrestre, voire rural et, en même temps, quelque chose qui soit stellaire, qui regarde vers le ciel. Je n’ai eu d’obsession dans ce disque que de dire aux musiciens et de me répéter à moi-même qu’on sente ces deux niveaux, ces strates qui ne communiquent pas entre elles et qui sont, en même temps, totalement interdépendantes.
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Votre proposition musicale où se mêlent l’électro et la pop a une dimension expérimentale, hors format. Est-ce ainsi que vous entendez le mot chanson aujourd’hui ?
Babx. Disons que le format chanson, tel qu’on le rabâche depuis des années, m’ennuie un peu car il est souvent sans surprise. Si c’est juste un couplet et un refrain de 3 minutes 30, je préfère faire autre chose. J’ai voulu me laisser être le plus libre possible par rapport à la forme. Il n’y pas de règle. Pour moi une chanson, c’est un écrin où on peut faire passer toutes sortes de choses, d’expérimentations. Mais je souhaitais aussi que cela reste accessible, que les sentiments soient simples. J’ai à cœur, à mon niveau, d’emmener la chanson autre part…
Côté projet, on parle d’un opéra que vous seriez en train d’écrire…
Babx. J’ai fait une présentation à New York, en novembre, au chef d’orchestre du Metropolis Ensemble avec lequel je vais jouer. Je lui ai proposé de travailler sur une vision mythologique de Nikola Tesla, un ingénieur, américain dont les travaux portaient sur l’énergie électrique, qui a inventé un millier de choses. Pour moi, c’est un peu le mythe de Prométhée moderne. L’idée, c’est de faire une galerie de portraits un peu rêvée, un spectacle qu’on jouerait entre New York et Paris en 2014. On m’a proposé ce projet au moment où je commençais à écrire mon disque. Cette vision de l’électricité, des sciences, des machines a plané largement dans mon univers. Finalement, il y a une vraie cohérence à poursuivre avec cet opéra qui sera proche de mon langage musical mais avec un orchestre, un vrai livret chanté du début à la fin…
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Babx, le 26 avril,17 heures, à l’Auditorium. Album Drones personnels, Wagram Music.