Louise Attaque album Anomalie

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 Après dix ans d’absence, Louise Attaque fait son grand retour avecAnomalie et un groupe désormais composé de trois musiciens au lieu de quatre. Un album au son électro-pop plus anglais, que Gaëtan Roussel, Arnaud Samuel et Robin Feix s’apprêtent à faire vibrer sur scène.

Qu’est-ce qui motive votre retour après dix ans de pause ?

Robin En fait, Gaëtan avait invité Louise Attaque à la télé pour l’émission Alcaline. On a joué deux morceaux et, à partir de là, ont commencé les discussions pendant un an. Au mot « pause », je préfère l’idée que c’était en suspens, en nous. C’est assez naturel qu’au bout de dix ans, on se dise : « Est-ce qu’on a quelque chose à faire ensemble ou est-ce qu’on arrête ? »

Ça n’a pas dû être évident de retrouver la magie des débuts ?

Arnaud  C’est vrai que rien n’était acquis à l’avance. On a beaucoup réfléchi avant de se mettre à composer. Est-ce qu’on a des choses à dire et, si oui, dans quelle forme de structure ? Est-ce qu’on change notre mode de fonctionnement ? Avec qui va-t-on travailler ? Est-ce que ça signifie que les activités passées vont être complètement rognées ou, au contraire, est-ce qu’on accepte d’être plus libre dans les projets de chacun ? Une fois d’accord, on a esquissé une première chanson, « Du grand banditisme », et on s’est rendu compte que c’était de nouveau du Louise Attaque. C’était une bonne surprise et encourageant.

Pourquoi placer vos retrouvailles sous le signe de l’ « anomalie »  ?

Gaëtan C’est un thème qui est arrivé avec la chanson Du grand banditisme, qui était très proche de ce qu’on pouvait faire il y a une vingtaine d’années. Après, on a composé Anomalie, un mot qui nous plaisait. Ce morceau, c’est notre impulsion. Il est différent du reste. Il ouvre, comme si on se disait à nous-mêmes qu’on peut aller où on veut.

Arnaud  Le mot anomalie, ça peut être l’accident de parcours. Le fait qu’on a commencé à quatre avec Louise Attaque et qu’on est trois aujourd’hui. Ça peut aussi être le fait de considérer la différence dans l’existence comme étant quelque chose sur laquelle s’appuyer au lieu de la subir. Il y a aussi un aspect historique de notre propre trajectoire à travers notre changement d’orientation et d’architecture du groupe. Ça nous a permis de faire référence à tout ça et de symboliser tout ce qui est dans l’album.

Jeune, on est plus spontané. Comment faire perdurer « l’insouciance » que vous chantez ?

Gaëtan  Je crois qu’il y a quelque chose de griffonné dans notre manière de travailler. On essaie de retrouver cet état d’esprit. Parfois on choisit, parfois on accompagne ce qui vient spontanément. Par exemple, à travers Anomalie, au-delà du mot, c’est trouver une chanson qui dise ce que Louise Attaque aujourd’hui pour nous, c’est un espace de liberté. J’aime cette idée du griffonné, du jeté, de l’instantané.

Pensez-vous que les expériences personnelles au travers de groupes comme Tarmac, Ali Dragon, ou en solo, ont pu nourrir votre nouvelle entité artistique ?

Gaëtan  Je dirais que ça a surtout nourri la manière dont on peut être ensemble aujourd’hui.

Arnaud  Et la liberté…

Gaëtan  Il y a dix ans on n’arrivait pas à être aussi libres qu’on essayait de l’être, à travers le fait de vouloir toujours être dans la même pièce, de travailler à quatre à l’époque. Il y avait quelque chose parfois qui était de l’ordre du jeté qui fonctionnait et, d’autres fois, on n’y arrivait pas du tout. On ne parvenait pas à se décaler, à trouver une manière d’être ensemble.

Les ambiances de l’album sont très « scéniques ». L’avez-vous pensé en ce sens ?

Gaëtan  L’envie était permanente en studio d’être sur scène avec ces compositions, contrairement au précédent disque qui n’était pas construit comme ça. C’était paradoxal, parce que l’architecture changeant, on avait un vrai problème pour le jouer en live. Et pourtant, on en a fait quelque chose qui regarde vers ça. Il y a un morceau qui nous résiste pour l’instant, mais sinon, on va jouer l’ensemble.

Votre son est également très différent…

Arnaud  Il est plus anglais. On a travaillé avec Oliver Som (producteur britannique), qui a amené sa patte, sa sensibilité. C’est quelqu’un qui est très imprégné par la pop anglaise, un jeune gars de 24 ans que Gaëtan nous a présenté. On a commencé à voir comment il pouvait prolonger cette direction qu’on avait esquissée au moment des compositions, l’épaissir, la sculpter, en faire une matière qui puisse nous surprendre dans l’approche artistique, qui soit chaleureuse et nous corresponde

Le violon en revanche est moins présent qu’avant…

Arnaud  On le présente autrement. Ça a été un choix d’Oliver de le mettre dans la masse, la matière, plutôt qu’en soliste. Le fait d’être à trois a permis de nous bousculer les uns les autres. S’agissant du violon, j’ai quitté le contre-chant pour aller vers des traits d’orchestre afin de ponctuer les chansons, les interventions, tout en restant collé à la rythmique. C’est quelque chose que j’aime faire et qui est important dans le rock, que l’on joue du violon ou de la guitare. C’est intéressant de faire sonner l’instrument autrement.

Quels thèmes vouliez-vous aborder ?

Gaëtan  Le temps, les rapports humains, la maladie, la différence subie, sur le titre Anomalie. Et ça résonne chez les gens. Comme cette dame qui a rebondi sur Facebook, maman d’un enfant autiste qui a l’impression que ce texte parle de ce qu’elle vit. Mathias Malzieu (leader de Dionysos), qui sort d’une période de longue maladie, me disait la même chose. Il y a aussi le fait de se détourner, la déchirure sur Un peu de patience, la mort, jouer sur les mots sans être dans le réalisme et l’actualité avec la Chute.

Et Avec le temps, hommage à Léo Ferré ?

Gaëtan  Je ne la connais pas cette chanson ! (rires). C’est un clin d’œil et on s’est permis de rajouter fort nécessaire. Le temps qui passe, c’est récurrent. L’insouciance ça peut nous renvoyer à ça, Un peu de patience aussi. C’est un thème qui revient régulièrement.

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=EvM3xTorT20&w=560&h=315]

Que prévoyez-vous pour votre retour sur scène ?

Gaëtan  Ce sera assez sobre, rock, brut. On avait pensé utiliser la vidéo mais on n’a pas vraiment trouvé d’angle. Du coup, on va essayer d’être dans quelque chose d’incarné. On va interpréter l’album mais aussi les anciens morceaux ( Ton invitation, Je t’emmène au vent, Léa ). Les premières répétitions nous ont montré qu’ils prenaient leur place naturellement. On va les juxtaposer et les mélanger, ils fonctionnent très bien avec les nouveaux titres.

L’album

Une énergie intacte et un album très inventif.

Retour réussi pour Louise Attaque qui repart au combat avec Anomalie, un 4e album très inventif où souffle la créativité d’un groupe à l’énergie intacte, entre guitares, violon fusionnel, boucles électro et voix éraillée de Gaëtan. Un registre bouillonnant où se croisent hymnes rock ( À l’intérieur), ballades mélancoliques (l’Insouciance), poèmes fiévreux (Avec le temps) et morceaux à danser (Chaque jour reste le nôtre). Une belle renaissance !

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