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Louis Arlette: avec l'EP "Sacrilèges", le chanteur met en musique Villon, Ronsard, Baudelaire, Musset et de Nerval (c) Frank Loriou
[Musique] Depuis son premier album rock électro « Sourire carnivore » sorti en 2018, Louis Arlette s’est imposé comme l’un des auteurs compositeurs les plus créatifs de sa génération. Avec l’EP «Sacrilèges», il s’offre une belle parenthèse romantique en mettant en musique des poèmes de Villon, Ronsard, Baudelaire, Musset et de Nerval.

Louis Arlette : « Avec « Sacrilèges », j’ai eu l’impression d’entrer par effraction dans une cathédrale »


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Louis Arlette (c) Frank Loriou
Louis Arlette a joué du violon au sein d’un orchestre de chambre, multiplié les collaborations artistiques, notamment avec le duo Air, suivi une formation d’ingénieur du son, flirté avec le monde de la mode en qualité d’arrangeur et mixeur (Chanel, Kenzo, Alaïa…)… avant d’enregistrer son premier album « Sourire carnivore » (2018). Des chansons rock-électro dont il a signé paroles et musiques, révélant un univers dense, à la fois tourmenté et lumineux.

Dans la foulée, il a sorti en 2019 « Des ruines et des poèmes » puis « Arbre de vie » en 2021, soit trois albums en quatre ans ! Avec l’EP « Sacrilèges« , l’auteur s’offre une belle parenthèse en proposant un habillage pop-rock électro sur des poèmes de Ronsard, Musset, Baudelaire, Villon et de Nerval.

Entretien avec un artiste passionné par les arts, les machines et la culture anglo-saxonne

Pourquoi un EP plutôt qu’un album ?

Louis Arlette : Parce que j’ai un album qui sort bientôt. L’EP, c’est une façon de faire les choses sans les avoir prévues. Un peu comme un enfant qu’on n’aurait pas désiré et qu’en fait on adore.

Vous confirmez ici votre passion pour la poésie romantique, avec un net penchant pour le spleen ?

Louis Arlette : Oui. Mais c’est le spleen baudelairien. Il y a toujours une lueur pour mettre en valeur des éclairs de lumière. Et on ne peut pas faire plus romantique que le Moyen Âge et François Villon.

Dans une interview vous l’avez tout de même qualifié de rock star sulfureuse ?

Louis Arlette : Pour moi, c’est l’équivalent du Caravage. On se demande comment il pouvait montrer autant d’humanité et de sensibilité, tout en étant quelqu’un de complètement infréquentable.

Baptiser cet EP « Sacrilèges », c’est une manière de devancer les critiques de certains puristes ?

Louis Arlette : En fait, je n’ai pas pensé à la réaction des puristes. Mais c’est vrai qu’en m’attaquant à ces géants, j’ai eu l’impression d’entrer par effraction dans une cathédrale, en me vautrant sur l’autel. Et je continue dans la profanation.

C’est-à-dire ?

Louis Arlette : J’ai fait une série en interprétant ces morceaux dans des lieux que j’adore. Pour « A son âme » de Ronsard, je suis allé au Musée de Cluny et, il y a quelques jours, j’étais au Musée Carnavalet pour « La fin de la journée » de Baudelaire. Lorsque j’ai appelé pour demander l’autorisation, elle m’a été accordée sans difficultés. Il faut dire qu’on me connaît un peu là-bas car je suis un vrai rat de musée ! Jouer ces titres dans des lieux historiques, cela permet de donner du sens à ce projet.

Le format de ces poèmes s’accorde bien à celui d’une chanson ?

Louis Arlette : J’ai dû faire des choix car c’est une question que je me suis effectivement posée. La référence pour moi était Gainsbourg qui s’est parfois inspiré des poètes. Et en ritournelles, cela fonctionne plutôt bien.

Comme la « Ballade des pendus » de Villon, en version rap ?

Louis Arlette : Je trouve que la poésie de François Villon permet cette modernité.

Vous êtes également très inspiré par la musique anglo-saxonne ?

Louis Arlette : Je ne me suis jamais senti complètement à l’aise dans l’univers de la chanson française. Je trouve qu’elle a parfois un côte trop conventionnel dans la manière d’appréhender la musique. Il y a bien sûr des exceptions mais le texte prend tellement le dessus en France qu’on n’a pas toujours envie de travailler le son, sauf dans l’électro.



Vous avez quand même repris des chansons de Jean-Louis Murat et Brel ?

Louis Arlette : Je n’ai jamais rencontré Murat mais c’est un artiste que j’admire. Il a une vision sonore très riche. Quant à Brel, il s’agissait d’une chanson un peu moins connue intitulée « Je suis un soir d’été« . C’est pour cela que j’ai osé. C’est presque plus difficile de reprendre Brel que Musset ! Ses arrangements sont tellement fabuleux.

Vous avez songé à un fil conducteur pour « Sacrilèges » ?

Louis Arlette : Je n’étais pas dans l’idée d’un concept mais d’une approche spontanée. On va du XVème siècle à la fin du XIXème. Je ne voulais pas prendre des poèmes traduits parce que les traductions sont toujours décevantes. J’ai été limité par ça. Ce n’est pas toujours évident de trouver des poèmes qu’on peut rendre accessibles et qui se prêtent à notre époque.

Vous songez à des concerts ?

Louis Arlette : Je cherche quelque chose d’approprié, qui aurait une résonance avec ce projet. L’idée serait de relier la poésie, la musique et les arts visuels.

Entretien réalisé par Annie Grandjanin

  • A écouter : EP « Sacrilèges » (Label Bruit Blanc), disponible depuis le 28 avril 2023.

Retrouvez l’ensemble des chroniques culturelles d’Annie Grandjanin sur :annieallmusic.com/


 

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