festival papillons de nuit
Le site du festival Papillons de Nuit. Photos Ouest France

Télé. Annulé pour cause de crise sanitaire, le festival Papillons de Nuit (P2N) aurait dû fêter sa 20ème édition fin mai. Diffusé sur France 3, le documentaire « Festival, quand mon village résiste » nous plonge dans l’organisation de l’événement de musiques actuelles de Saint-Laurent-de-Cuves (Normandie), qui avec ses 75 000 personnes sur trois jours, est l’un des plus grands festivals associatifs de France, dont le modèle repose sur les 1400 bénévoles qui le font vivre. A voir, jeudi 14 mai sur France 3 – 23:00  

Le festival Papillons de Nuit a lieu à Saint-Laurent-de-Cuves (Normandie), un village de 480 habitants qui chaque année, multiplie sa population par 150 passant à 70 000 personnes au plus fort de l’événement

2020 restera  comme une année noire pour les festivals. La crise sanitaire liée au coronavirus n’a évidemment pas épargné le festival Papillons de Nuit (P2N), qui a été contraint d’annuler sa 20ème édition, laquelle aurait dû avoir lieu du 29 au 31 mai. Un coup dur pour l’événement de musiques actuelles normand, dont le modèle associatif constitue à la fois l’âme et la particularité de ce festival, qui fait vivre la culture au cœur d’une petite commune de la Manche.

Ça se passe à Saint-Laurent-de-Cuves, un village de 480 habitants qui chaque année, multiplie sa population par 150 passant à 70 000 personnes au plus fort de l’événement. Tout est parti d’une simple fête champêtre, comme le montre le documentaire « Festival, quand mon village résiste » de Tom Graffin, avec une première édition en 1995 qui s’est tenue sur le parking de la salle polyvalente. Très rapidement les habitants se sont mis à rêver d’une manifestation de plus grande ampleur, qui pourrait attirer du monde et faire vivre économiquement le territoire.

Un rêve un peu fou né de la volonté de quelques-uns comme Rémi James, ébéniste, l’un des initiateurs du festival. Il rappelle qu’ici dans la Manche, il n’y avait rien côté musique, les jeunes étaient obligés de faire des kilomètres et d’aller à Rennes ou à Caen pour voir des concerts. Depuis, les choses ont bien changé. Papillons de Nuit est devenu l’un des dix plus gros festivals de France qui rassemble 75 000 festivaliers sur trois jours, où se sont produits des artistes comme Iggy Pop, Les Rita Mitsouko, The Hives2, Indochine, Charlie Winston, Texas, Placebo ou Christine and The Queens…

Avec un budget d’un million d’euros pour la programmation, P2N, comme de nombreux autres festivals, est confronté aux cachets artistiques chaque année de plus en plus élevés. Le moindre accident de parcours, peut avoir de lourdes conséquences, comme en 2018, où l’événement normand a enregistré un déficit de 350 000 euros : « on est un peu piégés par cette histoire de flambée des cachets » reconnait Pierre-Olivier Madelaine, administrateur de Papillons de Nuit: « Si on n’a pas les têtes d’affiche, c’est compliqué de remplir le festival ».

Comment faire pour exister dans un marché de la production de musiques actuelles toujours plus concurrentiel ? Certains verraient bien un modèle économique plus solidaire qui permettrait aux festivals associatifs de continuer à proposer des offres attractives: « Ce serait bien de renverser le fonctionnement de la production d’artistes. Tous les festivals de France pourraient par exemple faire un groupement d’achats… » suggère Patrice Hamelin, directeur de Papillons de Nuit.

La grande force de Papillons de nuit, ce sont ses 1400 bénévoles de toutes générations. Laitiers, agriculteurs, restaurateurs, artisans, entrepreneurs, familles… tous mettent la main à la pâte pour aider à la réalisation de l’événement, qui sans eux ne pourrait avoir lieu. Bienvenue chez ceux qui se mobilisent tous les ans sans relâche pour « garder en vie leur village ». Tout un réseau de bénévolat qui créée des relations humaines uniques et fait la magie du festival : « Il y a un climat très bon enfant » dit Juliette Armanet qui a aimé se produire ici en en 2018. « C’est hyper beau. Il y a un côté micro-communauté hippie, un truc de l’ordre de l’utopie » sourit Clara Luciani présente en 2019 à P2N.

Aujourd’hui, le contexte amène le festival à s’interroger sur l’avenir : « Si Papillons de Nuit  devait disparaître ce serait un séisme social et culturel » avoue Rémi James. « Ce serait un énorme vide. Il y aurait un manque, un élément en moins pour la cohésion sociale, parce que les gens aiment se retrouver à cette occasion » souligne Patrice Hamelin.

Tous le reconnaissent, le festival « fait partie de notre vie », avance un autre bénévole. Et encore cette mère de famille : « Chaque fois on (re)signe parce que c’est notre adrénaline et notre drogue ». C’est dire si la volonté de faire perdurer le festival de Saint-Laurent-de-Cuves n’est en rien entamée, comme l’explique Pierre-Olivier Madelaine : « C’est un éternel recommencement, un défi qu’il faut relever chaque année et ne jamais penser  que les choses sont  acquises ». Ses organisateurs donnent d’ailleurs rendez-vous pour une édition encore plus festive en 2021, les 21,22 et 23 mai.

Texte Victor Hache

  • Documentaire « Festival, quand mon festival résiste » de Tom Graffin, le 14 mai sur France 3 – 23:00

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