affiche film poly
"Poly" de Nicolas Vanier, une belle aventure humaine, en salle le 21 octobre.

Cinéma. L’explorateur connu pour ses expéditions en traîneau à chiens est devenu réalisateur de fictions. Après l’adaptation de la série télévisée : « Belle et Sébastien », il revient avec un nouveau film familial, tiré de l’œuvre des années 60 de Cécile Aubry. A la manière d’Antoine de Saint-Exupéry, il montre que les animaux et les hommes doivent apprendre à s’apprivoiser. Conversation avec Nicolas Vanier et Julie Gayet sur une belle aventure humaine.

julie gayet pour le film poly
Julie Gayet. Photo La Montagne

Julie Gayet, est-ce vrai que Nicolas Vanier, vous a demandé de vivre pendant trois mois dans les Cévennes ?

Julie Gayet: C’est une des raisons pour lesquelles le tournage de « Poly » a été merveilleux. Nicolas Vanier a vraiment mis en pratique cette idée et même au niveau du choix de son équipe qui le suit depuis très longtemps, de respect de la nature. Quand il m’a dit : « il va falloir que tu restes trois mois », ce n’était pas pour m’embêter. Le principe était de dire : « on est là avec la nature ». C’est le premier film que je faisais comme ça, de manière écoresponsable. On s’est tous dit – et j’espère que ça va se normaliser –  » comment faire pour être moins polluants, pour avoir moins d’impact ? ». Et ça à tous les niveaux. C’est une cantine locale, avec des produits locaux de saison. C’est aussi voir comment on fait pour les décors, les costumes. Chaque chef de poste a réfléchi à cette question. Les comédiens ont évidemment des gourdes, on a arrêté les touillettes et les bouteilles en plastique. Et c’est également faire moins d’aller et retour, écouter la nature et se poser un peu. C’est une philosophie qui m’a fait beaucoup de bien. En plus, il faisait 46 degrés à l’ombre, on s’aperçoit que le réchauffement climatique c’est une réalité et un vrai sujet.

nicolas vanier pour le film poly
Nicolas Vanier. Photo Photo Le Dauphiné Libéré /Archives

Ecouter la nature, n’est-ce pas, au fond, ce qui peut nous sauver ?

Nicolas Vanier: Oui, il faudrait plus écouter la nature. Ce qu’elle nous dit, qu’elle n’en peut plus. Le problème, c’est qu’on ne l’écoute plus parce qu’une grande partie grandissante de la population vit dans des villes. C’est vrai que le confinement en a fait réfléchir plus d’un, mais nous savons aujourd’hui qu’on ne peut pas continuer comme ça. Ne serait-ce que parce qu’on consomme aujourd’hui en huit mois ce que la terre peut produire en douze. Comme chacun sait, lorsqu’on dépense plus d’argent que ce que l’on a dans son porte-monnaie, un jour c’est la faillite. Une entreprise a la possibilité de pouvoir déposer le bilan. Nous, je ne sais pas si on va être capable de construire une fusée dans laquelle on va mettre huit milliard de personnes, mais surtout, qu’est-ce qu’on va dire au pilote ? Où va-t-on aller ? Jusqu’à preuve du contraire, il n’existe pas d’autre planète aussi merveilleuse que la nôtre, qu’on puisse de nouveau exploiter, consumer et consommer pour aller après sur une autre et ainsi de suite. Donc, il faut vivre avec elle et pour cela, on sait qu’il faut changer. Aujourd’hui, le consommateur est en train de torturer la planète. Cela s’accompagne d’une empreinte écologique qui n’est plus supportable. On n’a pas le choix que de revoir notre rapport au monde.

Julie Gayet: Cela veut dire manger raisonnablement de la viande, deux fois par mois, en essayant de savoir d’où elle vient. En France, il y a quand même des éleveurs qui font un travail différent. En Corrèze, il y a de la bonne viande avec des éleveurs formidables ! (rires). Il y a une prise de conscience…

Nicolas Vanier: On peut également manger des fraises quand c’est la saison et non pas toute l’année. J’ai le plaisir de temps en temps de manger une bonne côte de bœuf. Je ne suis pas quelqu’un qui dit : il ne faut plus prendre l’avion,  plus voyager, plus consommer de viande. Il faut faire preuve de raison et aller vers une certaine sobriété heureuse.

Est-ce difficile de tourner avec des animaux ?

Julie Gayet:  Je crois dans ce qu’on appelle l’équithérapie, la thérapie à travers les chevaux, les animaux. J’ai été cavalière, j’ai monté des chevaux, j’ai fait l’école du cirque Fratellini, où je pratiquais la voltige et même du jonglage. Je dois avouer que j’étais un très mauvais clown ! (rires). J’étais bien meilleure comme fildefériste, funambule, mais j’ai adoré le rapport aux chevaux, à la voltige : coller avec eux, se mettre au rythme des chevaux et prendre cette énergie des animaux.

Selon vous, aujourd’hui, la relation des enfants avec les animaux est plus que jamais essentielle ?

Julie Gayet: Quand il y a un club d’équitation, pour les enfants c’est fabuleux. On y apprend le respect des niveaux, à curer les fers, les sabots, à s’occuper d’un animal. Pour en revenir au Petit Prince de Saint-Exupéry, dans ces établissements, on créé tous les jours ce lien qui fait que le renard est unique au monde pour le Petit Prince, lequel devient unique au monde pour le renard. « Poly » est un film qui va faire réfléchir et les parents et les grands-parents qui pourront discuter de tous ces sujets.

Nicolas Vanier, comment avez-vous travaillé avec le compositeur de la musique, Éric Neveux ?

Nicolas Vanier : Je ne parle pas le même langage que le musicien. J’ai beaucoup de mal à trouver les mots pour exprimer et dire ce qui me plaît dans une musique et surtout ce que j’en attends. C’est une conversation qui ressemble à celle que j’ai pu avoir des chasseurs en Mandchourie, qui ne parlaient pas un mot de chinois. Et pourtant, il y a quelque chose qui fonctionne. Grâce à une musique, j’ai presque découvert d’autres images. Je suis très admiratif de ce qu’a fait Éric. On a formé un beau duo.

Julie Gayet, aviez-vous lu le livre de Cécile Aubry « Poly » ?

Julie Gayet: Je me souviens de la série, que je regardais sur une petite télé en noir et blanc, où il y avait deux chaînes. Et plus tard, j’ai lu « Poly » dans la Bibliothèque Verte. J’aime l’idée que l’héroïne soit devenue une petite fille. Il y a de la nostalgie avec toutes ces références d’enfance, mais en même temps on ressent quelque chose de  moderne. Je pense que le fait d’avoir rendu le personnage féminin m’a permis aussi de me détacher et de ne plus penser à Medhi. C’est très contemporain.

Nicolas Vanier, quels sont vos projets ?

Nicolas Vanier: Je vais sortir de mon registre et réaliser une comédie, que je vais tourner au mois de juin, autour de l’amitié, avec toute une bande de copains et de copines. J’ai aussi un grand rêve : adapter au cinéma un roman que j’ai écrit « L’Or sous la neige » qui raconte l’incroyable histoire de la ruée vers l’or en Alaska. Une aventure que je connais bien pour avoir beaucoup séjourné dans ces endroits-là, descendu en radeau le Yukon, avoir avec ma femme et ma petite fille en traineau à chiens, repris tout l’itinéraire de Jack London. Je rêve d’adapter ce roman au cinéma.

Entretien réalisé par Christian Panvert

  • « Poly » de Nicolas Vanier avec François Cluzet, Julie Gayet, Elisa de Lambert, Patrick Timsit et Orian Castano. Sortie en salles, 21 octobre

affiche film polyL’Histoire de Poly…

Cécile (Elisa de Lambert), 10 ans, déménage dans le sud de la France avec sa mère, Louise (Julie Gayet). L’intégration avec les autres enfants du village n’est pas facile. Lorsqu’un cirque de passage s’installe à côté, Cécile découvre que Poly le poney vedette est maltraité. Elle décide de le protéger et d’organiser son évasion ! Poursuivis par Brancalou, l’inquiétant directeur du cirque (Patrick Timsit) et le mystérieux Victor (François Cluzet), Cécile et Poly s’embarquent dans une cavale pleine de rebondissements…

 

 

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